Après la chose faite, après le coup porté - Après le joug très dur librement accepté, - Et le fardeau plus lourd que le ciel et la terre, - Levé d'un dos vraiment et gaîment volontaire, - Après la bonne haine et la chère rancœur, - Le rêve de tenir, implacable vainqueur, - Les ennemis du cœur et de l'âme et les autres ; - De voir couler des pleurs plus affreux que les nôtres - De leurs yeux dont on est le Moïse au rocher, - Tout ce train mis en fuite, et courez le chercher ! - Alors on est content comme au sortir d'un rêve, - On se retrouve net, clair, simple, on sent que crève - Un abcès de sottise et d'erreur, et voici - Que de l'éternité, symbole en raccourci - Toute une plénitude afflue, aime et s'installe, - L'être palpite entier dans la forme totale, - Et la chair est moins faible et l'esprit moins prompt ; - Désormais, on le sait, on s'y tient, fleuriront - Le lys du faire pur, celui du chaste dire, - Et, si daigne Jésus, la rose du martyre.