Ce volume rassemble la totalitĂ© des Ă©crits quâHannah Arendt a consacrĂ©s, sinon Ă la « question juive », du moins aux « affaires juives », lesquelles tiennent une place importante dans son Ćuvre. Ils sâĂ©talent sur quatre dĂ©cennies, des annĂ©es 1930 aux annĂ©es 1960. TĂ©moin et victime de lâantisĂ©mitisme, câest en tant que Juive, en revendiquant son donnĂ©, sa judĂ©itĂ©, que sâavança toujours celle qui vĂ©cut aux sombres temps brechtiens. Si les sionistes avaient Ă ses yeux le mĂ©rite dâavoir compris quâil Ă©tait urgent pour les Juifs de sâengager dans lâaction afin de faire face aux dangers qui les menaçaient, nombre des articles ici prĂ©sentĂ©s sont cependant extrĂȘmement critiques Ă leur Ă©gard. Arendt leur reprochait principalement leur absence dâanalyse des fondements de lâantisĂ©mitisme en Allemagne, leur totale mĂ©connaissance de la rĂ©alitĂ© arabe â pour elle, compte tenu de la situation gĂ©ographique de la Palestine, la question la plus urgente Ă©tait de parvenir Ă un accord avec les peuples arabes frontaliers â, enfin leur dĂ©sintĂ©rĂȘt pour les Juifs europĂ©ens â les sionistes nâayant eu dĂšs le dĂ©part aucune politique concernant la diaspora. Loin, donc, de partager leur objectif d'Ă©tablissement d'un Ătat-nation juif, Hannah Arendt plaçait ses espoirs dans un systĂšme de gouvernement fĂ©dĂ©ral, seule alternative Ă ses yeux Ă la « balkanisation » de la rĂ©gion. Ce qui frappe Ă la lecture de ce volume, câest, sinon lâaspect « prophĂ©tique » de la rĂ©flexion arendtienne, du moins le fait que son propos soit hĂ©las toujours dâactualitĂ©.