Ce texte posthume résonne comme la dernière parole d’un sage. Un conte écrit sous la forme d’un poème, simple et court, comme une adresse à un enfant, où l’auteur reprend la trame d’une histoire connue.
La veille de la fête de Pourim, les nazis donnent vingt-quatre heures aux dirigeants du ghetto pour leur remettre dix Juifs, afin de venger la mort des dix fils de Haman, selon la légende du livre d’Esther commémorant la délivrance miraculeuse d’un massacre des Juifs de Perse. Si les dirigeants refusent, tous les habitants seront condamnés. Terrifiés, ils se rendent chez le rabbin du ghetto pour obtenir des conseils. Au cours de la nuit, celui-ci appelle les esprits des rabbins légendaires des siècles passés, mais aucun n’est en mesure de donner une réponse satisfaisante. Parmi les voix ancestrales, le Baal Shem Tov essaie d’intercéder auprès de Dieu en chantant un nigoun, une mélodie joyeuse et sans paroles qui a le pouvoir de briser les chaînes du mal. Le lendemain soir, tandis qu’aucun volontaire ne s’avance, les habitants du ghetto sont informés qu’ils seront tués dans l’heure. Au fil des minutes, le rabbin du ghetto enseigne à sa communauté réunie l’air que le Baal Shem Tov a chanté la nuit précédente. Alors les voix de ces hommes, femmes et enfants, s'élèvent vers les cieux.
Elie Wiesel nous offre à travers ce livre posthume, magnifiquement illustré par Mark Podwal, une ode à la résistance par la joie et le courage.
Une leçon d’humanisme pour combattre la nuit autour et en nous, un poème chantant les miracles accomplis dans l’allégresse, l’unisson avec et pour les victimes.
Traduit de l’anglais (Etats-Unis) par Carine Chichereau