Alors que l'oeuvre d'Albert Camus est souvent perçue comme dominée par le masculin, Noces pour femme seule étudie pour la première fois l'importante présence du féminin dans l'ensemble des textes fictifs, la reliant à celle du sacré. La mise en présence de ces deux paradoxes de l'oeuvre y dégage de nouvelles lignes de force et met en évidence, à travers les présences et les voix féminines, des aspirations fondamentales souvent méconnues.
L'analyse du paradoxe du sacré, d'ordre religieux et philosophique, cherche à concilier l'agnosticisme de l'auteur et sa philosophie initiale de l'absurde, qui nie toute transcendance, avec un sens du sacré quasi omniprésent. L'analyse du paradoxe du féminin, d'ordre mythique et psychique et se manifestant à travers un jeu alterné d'absences/présences et de silences/paroles, se base principalement sur une approche sémiotique kristevienne du maternel et du féminin comme "dernier refuge du sacré".
Cette double approche éclaire les différends métaphysiques entre le masculin et le féminin, la solitude de la femme, et enfin l'expérience initiatique de "La Femme adultère", nouvelle qui culmine dans la fusion des deux paradoxes traités -- soit les "noces" du féminin et du sacré. Finalement, il apparaît au cours de l'étude que la relation du féminin et du sacré dans l'oeuvre est fondée sur l'expérience du désir qu'engendre l'absence/silence de l'Autre.