Pas glorieux, le Flaubert ultime, entre une solitude véritable, les problèmes d'argent récurrent, et un monde qui s'en va à vau l'eau.
Dans ses chantiers au long cours, l'idée d'un dictionnaire des idées reçues, d'une encyclopédie de la bêtise. Le monde tourne bureaucrate ? Alors on prend comme Don Quichotte et Sancho Pança deux employés de bureau. C'est la modernité radicale de Bouvard et Pécuchet.
Ils vont tout voir, tout faire. Gérard Genette a calculé qu'en empilant tout ce qu'ils font, leur retraite dure 165 ans. Mais chaque chapitre est une lame tendue, on passe en revue (on exécute, en le faisant soi-même), la religion, l'amour, l'éducation, mais aussi l'archéologie, le jardinage, la politique locale.
Ils ratent tout : mais c'est bien ce qui caractérise la société bourgeoise, aux yeux du grand Flaubert.
On rit, à Bouvard et Pécuchet, comme on rit au Quichotte : pas possible de s'en empêcher. Et pas de plus belle humanité que ce comique poussé jusqu'à la caricature, quand tout oppose et tout réunit et Bouvard et Pécuchet.
N'empêche qu'au bout, c'est le tragique qui l'emporte : ce qu'ils auront enfin inventé qui marche ? Retour à leur métier premier, la copie. Sauf que cette fois il s'agit de tout copier. Et nous attendrons toujours ce dernier chapitre que Flaubert n'a pu qu'esquisser.
FB
Gustave Flaubert, né à Rouen le 12 décembre 18211 et mort à Canteleu, au hameau de Croisset, le 8 mai 1880, est un écrivain français. Prosateur de premier plan de la deuxième moitié du xixe siècle, Gustave Flaubert a marqué la littérature française par la profondeur de ses analyses psychologiques, son souci de réalisme, son regard lucide sur les comportements des individus et de la société, et par la force de son style dans de grands romans comme Madame Bovary (1857), L'Éducation sentimentale (1869), Salammbô (1862), ou le recueil de nouvelles Trois contes (1877).