Les 3 raisons inédites de lire Mme Bovary...
Emma, c’est un peu Meursault de L’Etranger, version femme. Un être dont la vie absurde fonctionne comme une machine de guerre philosophique aux lieux communs. On néglige d’ailleurs d’examiner les liens entre le premier roman de Camus et le chef-d’œuvre de Flaubert. Et pour cause, la comparaison renvoie à notre propre médiocrité, drapés que nous sommes dans note vanité.
Emma, c’est aussi une Salammbô contemporaine, sortie de son palais carthaginois, déesse du romantisme, devenue réaliste comme on se fait violer sa virginité. Capable de mourir pour un coup de foudre. Princesse de l’idéalisme déchu : Rodolphe, l’homme à femme, puis Léon, le notaire de Province sont comme le rocher d’un Sisyphe féminin. Ce qu’elle n’arrive pas à faire : souscrire à l’Eternel Retour nietzschéen. Devenir ce qu’elle est. Tâche au lecteur d’achever le travail.
Mais c’est aussi une anti-Atala : pour s’en convaincre, il suffit de comparer les tableaux de la mort respective des personnages. Girodet contre Fourié. Et Emma prend alors une dimension héroïque. Entre Atala et Emma, il faut préférer Emma. Un être de chair et d’os. Avec sa tragédie existentielle. Ses problèmes comme les nôtres. Une sorte d’être de papier, qui nous propulse dans des sphères philosophiques subtiles : on oublie que Flaubert, quand il écrit donne la réplique à des écrivains tels que Gobineau, qui propose une toute autre vision du monde... On doit à Flaubert le triomphe d’un certain regard sur la littérature et l’existence.
A relire de toute urgence, ces clés de lectures en main.
La présente édition reprend le texte original paru chez Michel Lévy Frères, en 1857.
Gustave Flaubert, né à Rouen le 12 décembre 18211 et mort à Canteleu, au hameau de Croisset, le 8 mai 1880, est un écrivain français. Prosateur de premier plan de la deuxième moitié du XIXe siècle, Gustave Flaubert a marqué la littérature française par la profondeur de ses analyses psychologiques, son souci de réalisme, son regard lucide sur les comportements des individus et de la société, et par la force de son style dans de grands romans comme Madame Bovary (1857), L'Éducation sentimentale (1869), Salammbô (1862), ou le recueil de nouvelles Trois contes (1877).