Il éprouva de nouveau une sensation de faim non satisfaite.
— Bon sang ! Ce que je mangerais volontiers un morceau de bifteck ! murmura-t-il avec un juron étouffé et en serrant ses poings énormes.
— J’ai essayé chez Burke et chez Sawley, dit sa femme en manière d’excuse.
— Et ils n’ont pas voulu te faire crédit ?
— Pas d’un centime, a déclaré Burke.
Elle hésita.
— Continue. Qu’a-t-il dit ?
— II m’a dit qu’à son avis Sandel te battrait ce soir, et que nous lui devions déjà une somme rondelette.
Tom King grogna, mais ne répondit point.
Cette nouvelle de Jack London, parmi les plus célèbres de cet écrivain, est sans doute l’un des textes le plus important, presque fondateur, de cette littérature dite de « ring ». London s’appuie sur sa longue expérience de praticien et d’observateur de la boxe. Au sortir du ring, Tom King n’a plus rien, que son corps usé, battu, douloureux et la faim qui le taraude toujours, comme la honte de rentrer sans le sou dans son foyer. Si seulement : « Ah, that piece of steak would have done it ! He had lacked just that for the decisive blow, and he had lost. »
John Griffith, dit Jack London, est né à San Francisco le 12 janvier 1876. Fils illégitime de fermiers, élevé dans la misère, il est tour à tour marin chasseur de phoque, chercheur d'or au Klondike lors de la ruée vers l'or de 1897 et correspondant de presse. L'Appel du désert (1903) et Croc-Blanc (1907), qui mettent en scène l'aventure, le monde animal (comme l'histoire du chien Buck dans L'Appel de la fo