Et bien sûr ces chambres où on se réveille le matin sans trop savoir, et ces silhouettes fragiles, à la fois dures et évanescentes, les corps prêts à se joindre et les aventures – ou la vie même – prêtes à tout instant à se disloquer à jamais.
Mais Serena depuis toujours traite cela comme un chant. Les silhouettes comme un ballet, une danse qui rejoint à peine le sol: il est trop crade, trop lesté de nos mésaventures du jour. Et les paroles: enrouées, rauques, incomplètes, voire même des personnages dont on ne saura rien, silnon trois gestes. Mais qui ont la présence d'un Giacometti, le son d'un Bashung – attention: sur une cassette usée d'avoir passé et repassé sur l'autoradio de la bagnole déglinguée qui vous emmène.
Serena a payé de lui-même : des études aux Beaux-Arts, puis la revente de posters achetés à prix de gros en Italie et convoyés par la frontière, ou les bracelets gravés de cuir sur les marchés du Sud.
De son chant, des êtres qu'il nous fait vivre dans ses singulières lumières, nous sommes nous-mêmes en quête, parce que nous les connaissons tous. C'est notre propre fragilité qu'ils disent.
La beauté est beaucoup plus là que dans le monde policé de la littérature pour rentrée littéraire. A cela qu'on vous invite.
FB
Nombreuses interventions de Jacques Serena sur Internet, voir bio-bibliographie sur site des éditions de Minuit, et aux éditions Argol., surremue.net eou dès 2004, ou plus récemment lors de la nuit remue 2. Photographie © Hélène Bramberger.