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Il y a deux ans, jâĂ©tais Slade Tomkins, le mec le plus populaire de lâuniversitĂ©... mais ça, câĂ©tait avant les conneries, avant la prison. Depuis ma libĂ©ration, jâenchaĂźne les boulots, tout en crĂ©chant dans un meublĂ© merdique des bas-fonds.
Quand un toxico sâattaque Ă ma jeune voisine, je le vire et il me donne lâidĂ©e du siĂšcle : proposer Ă cette petite nana une colocation. Ă nous deux, on peut se payer un truc bien, en sâentraidant.
Gabriela accepte. Elle nous dĂ©niche mĂȘme un appartement de rĂȘve au cĆur du quartier mexicain. Seulement je ne parle pas un mot dâespagnol, et puis, je nâavais pas prĂ©vu que ma bĂ©bĂ©-coloc allait devenir si belle, si dĂ©sirable... une fille aussi gĂ©niale mĂ©rite tellement mieux quâun mec comme moi.
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Extrait :
Bong. Bong. Bong.
â Jâsais que tâes lĂ , petite salope ! hurle une voix dâhomme hystĂ©rique dans le couloir de lâimmeuble.
RĂ©veillĂ© en sursaut, je me retourne, me collant lâoreiller sur la tĂȘte dans lâespoir de me rendormir, tout en remontant la couette avec un frisson de froid. Mais trois secondes plus tard, le bordel recommence :
Bong. Bong. Bong.
â EspĂšce de pute, ouvre cette porte !
Le mec cogne comme un forcené.
Bong. Bong. Bong.
â SatanĂ©e garce, ouvre-moi !
En rogne parce que ce connard nâarrĂȘtera pas son cirque si je nâinterviens pas â inutile de compter sur les voisins â, je me lĂšve dâun bond. Jâattrape mon jean, tout en Ă©ternuant. Jâenfile mon pull avec un nouveau frisson, le tissu est glacĂ©. Un coup dâĆil Ă ma montre confirme quâil ne me reste que deux petites heures de sommeil. Cette tĂȘte de nĆud va me foutre la paix. Il va cesser de taper comme un sourd en vocifĂ©rant comme un malade !
Jâouvre violemment la porte du taudis qui me sert de logement au risque de la sortir de ses gonds. Le type est en train de se dĂ©chaĂźner contre lâentrĂ©e de lâappartement voisin. Je hurle pour couvrir le vacarme :
â Elle nâest pas lĂ !
En rĂ©alitĂ©, je nâen sais rien et je mâen branle, mais câest la seule chose qui pourra le faire arrĂȘter de sâacharner. Le mec met au moins cinq secondes Ă comprendre ce que jâai braillĂ©. Il se tourne vers moi dans la lumiĂšre blafarde du couloir. Câest un junky ravagĂ©. Le visage Ă©maciĂ©, il est maigre et ses yeux brillent de cette lueur caractĂ©ristique des toxicos en manque.
Volontairement, je reste dans la zone obscure due Ă une ampoule grillĂ©e et jamais remplacĂ©e au-dessus de mon paillasson. Dans un vague Ă©clair de luciditĂ©, le type hĂ©site, jugeant prudent de ne pas approcher un adversaire quâil ne voit pas, comme je lâavais prĂ©vu. Jâai frĂ©quentĂ© trop de junkies...
â Quâest-ce que tâen sais ? finit-il par demander en essayant de se redresser pour se donner un semblant de prestance.
â On entend tout dâun appart Ă lâautre. Elle nâest pas lĂ .
Lâinsonorisation est inexistante, le reste est faux. RentrĂ© du boulot Ă deux heures du mat, je me suis effondrĂ© sur mon lit sans prĂȘter la moindre attention Ă ce qui pouvait se passer ailleurs. Je vis dans ce taudis depuis trois semaines et jâai pour principe de ne pas mâoccuper des voisins. Jusquâaux Ă©lucubrations de ce camĂ©, il ne me serait pas venu Ă lâidĂ©e quâil pouvait y avoir une fille seule dans ce bĂątiment sordide.
â Câest ma gamine, se sent obligĂ© dâexpliquer le junky. Elle me doit un paquet de fric, cette petite conne.
Mais bien sûr !
Je ne réponds pas, ne voulant pas me retrouver embarqué dans une discussion sans fin avec un type dont les neurones sont cramés par les substances toxiques.
â Je repasserai plus tard, dĂ©cide-t-il en se frottant les bras avec ce geste caractĂ©ristique des droguĂ©s qui se piquent.
Valeur sĂ»re de la romance française, auteure de nombreux best-sellers, Pauline aime donner vie Ă des hĂ©roĂŻnes fortes qui prennent leur destin en mains, des hĂ©ros sexy et aventuriers qui n'ont pas peur d'ĂȘtre eux-mĂȘmes.