Le soleil du matin doucement chauffe et dore. - Les seigles et les blés tout humides encore, - Et l'azur a gardé sa fraîcheur de la nuit. - L'on sort sans autre but que de sortir ; on suit, - Le long de la rivière aux vagues herbes jaunes, - Un chemin de gazon que bordent de vieux aunes. - L'air est vif. Par moments un oiseau vole avec - Quelque fruit de la haie ou quelque paille au bec, - Et son reflet dans l'eau survit à son passage. - C'est tout. - C'est tout.Mais le songeur aime ce paysage - Dont la claire douceur a soudain caressé - Son rêve de bonheur adorable, et bercé - Le souvenir charmant de cette jeune fille, - Blanche apparition qui chante et qui scintille, - Dont rêve le poète et que l'homme chérit, - Évoquant en ses vœux dont peut-être on sourit - La Compagne qu'enfin il a trouvée, et l'âme - Que son âme depuis toujours pleure et réclame.