"Je revendique le droit d'utiliser le verbe "saboter" selon le bon vouloir de la langue italienne. Son emploi ne se rÊduit pas au sens de dÊgradation matÊrielle, comme le prÊtendent les procureurs de cette affaire. Par exemple : une grève, en particulier de type sauvage, sans prÊavis, sabote la production d'un Êtablissement ou d'un service. Un soldat qui exÊcute mal un ordre le sabote. Un obstructionnisme parlementaire contre un projet de loi le sabote. Les nÊgligences, volontaires ou non, sabotent. L'accusation portÊe contre moi sabote mon droit constitutionnel de parole contraire. Le verbe "saboter" a une très large application dans le sens figurÊ et coïncide avec le sens d'"entraver". Les procureurs exigent que le verbe "saboter" ait un seul sens. Au nom de la langue italienne et de la raison, je refuse la limitation de sens. Il suffisait de consulter le dictionnaire pour archiver la plainte sans queue ni tÃĒte d'une sociÊtÊ Êtrangère. J'accepte volontiers une condamnation pÊnale, mais pas une rÊduction de vocabulaire." Erri De Luca. Auteur d'une Åuvre abondante et l'un des Êcrivains italiens les plus lus dans le monde, Erri De Luca est aujourd'hui poursuivi en justice pour avoir soutenu le mouvement NO TAV qui s'oppose à la construction de la ligne à grande vitesse du val de Suse.