« Il faut retraduire tout Shakespeare, avec courage, orgueil et patience. Rendre à ce théâtre génial sa violence et sa rapidité, y mettre tout le savoir-faire possible, ne reculer devant aucun procédé. [...] Écouter la langue et la voix françaises, respecter leur manière particulière. Et porter enfin la plus affectueuse attention à l'ordre des mots. L'ordre des mots ! Mon beau souci. »Jacques Drillon fait précéder sa traduction de la célèbre tragédie Le Roi Lear par une étude pertinente et incisive sur la pratique des traductions shakespeariennes. Il s'appuie sur de nombreux exemples de travaux (de François-Victor Hugo, Jean-Louis Curtis, Jean-Michel Déprats et bien d'autres encore) pour éclairer les maladresses ou les préciosités des traductions shakespeariennes au fil des époques. Il insiste ainsi sur la nécessité de ne pas traduire « au plus près » des mots attribués au dramaturge, et de ne pas se défaire de la complexité de la langue française. Il faut en effet traduire l'oeuvre en gardant en mémoire le but de la pièce : comment la représenter ? Jacques Drillon nous livre ainsi un Roi Lear clair et proprice à la représentation.