Dedalus du Lower East Side, Joseph Mitchell a su peindre les rues du vieux Manhattan comme retranscrire la drôlerie dÊsespÊrÊe de sublimes anonymes bringuebalant l'Histoire dont ils sont les hÊritiers. Chacun de ses caractères entonne tour à tour son aria : le patron d'un restaurant, le marin-pÃĒcheur, l'ostrÊiculteur, le prÃĒcheur composent l'oratorio d'une citÊ en perpÊtuel mouvement. La dÊambulation hasardeuse de l'arpenteur urbain est à l'image de ses digressions fulgurantes : imbriquÊes les unes dans les autres comme les blocks aux quartiers. Quand en 1960 paraÃŽt Le Fond du port, Joseph Mitchell a cinquante et un ans. Soutier du journalisme, il est devenu un auteur littÊraire à part entière. L'attention au dÊtail, le sens de la construction, la minutie obsessionnelle, il avait ÊlevÊ le reportage au rang d'art et mÃĒlÊ fiction et rÊalitÊ avec une maestria inÊgalÊe. Inoubliable volume, Le Fond du port, tient autant de la chronique d'un temps rÊvolu que de la collection littÊraire, au sens d'un inventaire cabossÊ par la poÊsie des rues et des noms, Fulton Street, Louie Morino, M. Hunter comme autant de notes d'un blues du macadam.
"Voilà ce qu'aurait pu Êcrire Borges s'il avait ÊtÊ originaire de New York.' Martin Amis
''Les autres livres de Joseph Mitchell â Le Merveilleux Saloon de McSorley, Old Mr. Flood, Le Secret de Joe Gould â sont superbes, mais ils sont au Fond du port ce que Tom Sawyer et Un Yankee du Connecticut à la cour du roi Arthur sont à Huckleberry Finn.'' Janet Malcolm