Le Hills est dâun temps oÚ le cochon Êtait du cochon et le porc du porc, comme aime à dire le MaÃŽtre dâhôtel. Chaque jour, raide dans son habit, le serveur de ce grand Êtablissement dâOslo se tient là , comme il aurait pu le faire il y a cent ans, si ce nâest davantage. Il veille, attend, se tient prÃĒt. Il circule dans la salle, prend les commandes, sert et dÊbarrasse. Les tables sont parfaitement dressÊes, les verres sâentrechoquent, les couverts vont et viennent sur la porcelaine avant dâÃĒtre portÊs à la bouche. Tout est à sa place, lâordre est immuable. Jusquâau jour oÚ un vent de changement sâengouffre dans le sillage dâune belle jeune femme qui prend place, lâair de rien, au milieu des habituÊs. Son apparition a tôt fait dâenrayer la mÊcanique parfaitement huilÊe du restaurant, menaçant les fondations de cet Êcrin de la vieille Europe â et lâÊquilibre fragile du serveur brusquement dÊpassÊ. Avec un sens aigu du portrait et de la scène, Matias Faldbakken livre dans ce dÊlicieux huis-clos une allÊgorie de notre temps qui mÊnage autant de moments poignants que dâhilaritÊ, et distille une nostalgie contagieuse qui vous donnera envie à votre tour de pousser la porte du Hills et de vous y attabler pour observer la marche du monde en Êcoutant le vieux Johansen jouer un air mÊlancolique.