Ecrivain, journaliste, Alexandre Kerner a la cinquantaine dans les années 30. La France célèbre alors la puissance de son empire colonial qu’il connaît bien.
Des bords du Congo au Sahara, de Saigon à Alger, il l’a parcouru, a éprouvé comme tant d’autres cet « envoûtement » que provoque la découverte de l’Afrique et de l’Asie. Depuis, il ne cesse de dénoncer dans ses écrits les brutalités de la « possession » coloniale. Il est loin d’imaginer que la partie la plus dense et la plus douloureuse de sa vie ne fait que commencer.
Epris d’une jeune Algérienne, il adopte un enfant africain : Anta Zerbo. Par le biais d’une ancienne maîtresse, Elisabeth Stein, il côtoie le milieu anticolonialiste et fait la connaissance de Malraux, Césaire, Senghor, ces jeunes intellectuels qui veulent secouer la tutelle coloniale, mettre « la négraille debout ». Emporté par les événements et la guerre – il a rejoint de Gaulle – , il assiste aux premiers troubles qui secouent le Constantinois en 1945, puis au chaos de Diên Biên Phu en mai 1954, et, en novembre de la même année, au début de la guerre d’Algérie.
Kerner est tour à tour témoin et acteur, jusqu’à ces jours sombres de juillet 1962 où il va retrouver Yasmina Khedda. Le couple qu’il forme avec elle va se déchirer au fil de ces années qui bouleverseront inéluctablement le destin de tous les personnages de ce grand roman du « désamour », – lequel se termine aujourd’hui car, entre la France et les peuples qu’elle a colonisés, c’est l’impossible oubli. Les passions ont été trop fortes. Et Max Gallo ne cache rien de leur violence, mais aussi des élans et de l’espoir qui les portent.
Voici la première saga romanesque qui raconte l’envoûtement, la possession, la désaffection qui ont fait naître et mourir l’Empire français. Dans cette tourmente héroïque et cruelle, L’Empire retrace les vies écartelées, mais si souvent généreuses, de ceux qui s’aimaient en s’opposant.