Depuis son prix Médicis-essai pour La sculpture de soi, Michel Onfray n'a cessé de s'imposer comme l'un des meilleurs essayistes de sa génération. Cet essai sur Georges Palante est de fait, le premier livre écrit par Michel Onfray. Il l'a publié, voici quinze ans, aux édition Folle Avoine - qui n'existent plus - et sa réédition s'imposait, tant s'y résume et s'y annonce toute la philosophie de l'auteur. Qui était Georges Palante ? Peu de gens se souviennent de ce philosophe si particulier, et rares sont ceux qui le lisent encore, bien que ses « oeuvres complètes » soient en voie de réédition, pour février 2002, aux éditions Alive. Pourtant, Palante (1862 - 1925) était un personnage essentiel du paysage philosophique de ce début de siècle. Louis Guilloux en avait même fait le modèle de son héros dans Cripure (c'est-à-dire : « critique de la raison pure »). Nietzschéen, engagé à gauche, aristocratique et libertaire, théoricien de « L'Ariste » (concept résumant son idéal aristocratique et artiste), Palante enseigna la philosophie et eut une existence assez misérable (alcool, drogue, mauvaises fréquentation...) qui le mena à un suicide tragique. Pour Michel Onfray la figure de ce philosophe est donc, en quelque sorte, inaugurale. C'est là, dans son oeuvre, qu'il a puisé les concepts et la vision d'un monde dont il n'a cessé depuis d'explorer les thèmes (hédonisme, anarchisme, primauté du corps). Son essai est, à la fois, une biographie, un commentaire et un prolongement de l'oeuvre de Palante : il est écrit dans une langue pure et sensible. On peut s'attendre, avec la réédition de ce livre, à une presse pleine de curiosité et d'intérêt pour cet « illustre inconnu » enfin ressuscité.