"Au Contadour (en 1937, Pierre Magnan a quinze ans), quand Giono, Lucien ou Fluchère ne nous font pas la lecture, la grosse question est de savoir ce qu'on fera en cas de guerre : renvoyer son fascicule de mobilisation, rÊsister aux gendarmes, faire un fort Chabrol de la paix, se laisser fusiller sur place et pour les femmes se coucher sur les rails dans les gares. Je n'entendrai jamais Giono, ni ici ni ailleurs, prendre parti dans ce dÊbat autrement qu'en s'engageant personnellement. Jamais il ne donnera de directives à quiconque. 'Marchez seul. Que votre clartÊ vous suffise' â 'Je n'Êcris pas pour qu'on me suive. J'Êcris pour que chacun fasse son compte en soi.'" Ce n'est pas une hagiographie de Giono que propose Magnan mais un rÊcit minutieux de leurs rencontres quasi quotidiennes pendant tant d'annÊes, à Manosque. C'est aussi un double portrait, du maÃŽtre dont l'adolescent s'Êmerveille, et de l'apprenti qui tait jalousement que lui aussi rÃĒve d'Êcriture.