"Pour dire le vrai, cette glycine, à qui je trouvais, sur ma table-banquette, une fragrance, une couleur bleu mauve, une attitude quasi reconnaissables, je me souviens quâelle fut de mauvais renom, tout le long de lâÊtroit empire bornÊ par un mur, dÊfendu par une grille. Elle date de très loin, dâavant le premier mariage de Sido ma mère. Sa folle floraison de Mai, sa rÊsurgence maigre dâAoÃģt-Septembre embaument les souvenirs de ma petite enfance. Elle se chargeait dâabeilles autant que de fleurs, et murmurait comme une cymbale dont le son se propage sans sâÊteindre, plus belle chaque annÊe, jusquâà lâÊpoque oÚ Sido, penchÊe curieusement sur le fardeau de fleurs, fit entendre le petit "Ah ! Ah !" des grandes dÊcouvertes attendues : la glycine commençait à arracher la grille." Glycine, rose, lys, tulipe, muguet... En près de 25 tableaux, Colette compose, de sa plume ciselÊe, un singulier herbier poÊtique.