Romances sans paroles (1874) marque un tournant radical dans l’œuvre de Verlaine et dans l’histoire de la poésie française. Ce "petit bouquin", qu’il rédige pendant sa liaison tumultueuse avec Rimbaud et qu’il présente comme une "série d’impressions vagues", est hanté par la tentation du silence. Que peut la parole face à la réalité, dont le sens est fuyant ? Comment dire les sentiments d’un moi erratique et opaque à lui-même ? Et surtout, comment les dire autrement, après le romantisme, qui les a exaltés, et le Parnasse, qui s’en est méfié ? En s’emparant d’un genre désuet, la romance, Verlaine réinvente le beau à partir du banal, renoue avec l’oralité au cœur de l’écrit, et fait du chant l’utopie de la parole poétique. Dossier : 1. Genèse et composition du recueil 2. Réformer la poésie 3. Penser l’art : peinture, musique, poésie 4. Verlaine au début des années 1870 : l’écriture de la dissidence 5. La réception de l’œuvre au XIXe siècle