'Cette jeune femme d’un pays si lointain où les vaches sont plus précieuses que les femmes fait trembler ma nuit, fissurer le sol sous mes pieds et je ne sais pas si c’est de la peur ou de la joie que j’éprouve en la voyant soulever la pierre tombale.' À Calcutta, dans les années 1980, Tania, une jeune Bengalie, détestée par sa mère et mise à l’écart par les adolescents de son âge, trouve refuge dans les livres. Elle se prend de passion pour le destin tumultueux d’un éditeur russe, fondateur des Éditions Raduga, dont la fermeture a été ordonnée en 1930. Elle retrouve la trace de sa fille Adel, octogénaire, dans une maison de retraite à Saint-Pétersbourg et décide de lui écrire. Avec sensibilité et une poésie évocatrice, Le testament russe propose une traversée du XXe siècle en suivant ces deux femmes passionnées, chacune ayant lutté contre une forme d’oppression : celle d’une dictature sans pitié dans une Russie qui bannissait les livres et s’acharnait contre les poètes ; celle de la famille et de la tradition étouffante en Inde. Shumona Sinha, fascinée par la littérature russe, fait revivre dans ce roman les milieux littéraires des années 1920-1930. En rappelant les liens culturels et politiques entre le Bengale-Occidental et l’Union soviétique, elle offre aussi une réflexion sur la puissance de la langue maternelle et le désir pour une langue étrangère.