Après avoir écrit tant d’histoires tragiques, dit l’auteur du manuscrit florentin, je finirai par celle de toutes qui me fait le plus de peine à raconter. Je vais parler de cette fameuse abbesse du couvent de la Visitation à Castro, Hélène de Campireali, dont le procès et la mort donnèrent tant à parler à la haute société de Rome et de l’Italie. Déjà, vers 1555, les brigands régnaient dans les environs de Rome, les magistrats étaient vendus aux familles puissantes. En l’année 1572, qui fut celle du procès, Grégoire XIII, Buoncompagni, monta sur le trône de saint Pierre. Ce saint pontife réunissait toutes les vertus apostoliques ; mais on a pu reprocher quelque faiblesse à son gouvernement civil ; il ne sut ni choisir des juges honnêtes, ni réprimer les brigands ; il s’affligeait des crimes et ne savait pas les punir. Il lui semblait qu’en infligeant la peine de mort il prenait sur lui une responsabilité terrible. Le résultat de cette manière de voir fut de peupler d’un nombre presque infini de brigands les routes qui conduisent à la ville éternelle.