alexandra delvalle
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Dès la couverture le ton est donné . Christian Carayon va nous entraîner à la montagne. Et dans ce paysage rude et sévére se noue une intrigue à la dimension du lieu. Des morceaux de cadavres sont découverts suite à une crue, tout semble accuser le chirurgien à la retraite Pierre Neyrat. Car de nombreuses rumeurs circulent sur ce personnage mystérieux et peu loquace, dont la première femme est décédée dans de mystérieuses circonstances. Alors son fils et sa fille, aidés par un ancien policier à la retraite, ami de la famille vont tout faire pour éteindre la rumeur et découvrir le vrai coupable. Christian Carayon se place dans la vague du nouveau polar français, dans le sillage d'un Bonnot, ou d'un Commère. Des polars portés par des personnages vrais, durs, qui ont soif de liberté et de justice. Des hommes , issus de milieux ruraux, avec de véritables valeurs de justice à l'ancienne et de quêtes de vérités. Ici , comme les protagonistes, on s'interroge sur Pierre Neyrat, on prend faits et causes pour François et Valentine, et on les suit vers le dénouement. Ils touchent par leurs franchises, leurs simplicités, et leurs volontés hors du commun, qui transforment ces personnages communs en héros de la vie réelle. Et quand ces personnages abordent les thèmes des secrets de famille, de la soif de pouvoir, de la vengeance et de l'Occupation , on ne peut qu'être séduite. Mais j'ai tout autant aimé l'ambiance étouffante qui se dégage de ces lieux aux grands airs, tant la vitesse du Torrent et la forêt environnante rajoute à la touffeur de l'intrigue. On suffoque en tournant les pages , à l'écriture incisive, jusqu'à l'inspiration prise à la révélation finale, qui quoique prévisible, est bien menée. Une belle réussite donc pour cet auteur qui je suivrais désormais avec certitude.
Danièle ORTEGA-CHEVALIER
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François, dessinateur de vocation, a tout perdu quand sa compagne Emilie a disparu en 1979. D’autres disparitions, par la suite, perturbent le microcosme campagnard où vit sa famille, avec en prime la découverte de restes humains dans le torrent. François va revenir dans son village natal car il ne croit pas en la culpabilité de son père, soupçonné d’être « le dépeceur ». L’enquête qu’il va mener avec l’aide de Camus, ancien flic, va l’entraîner à révéler les secrets de famille, ceux que le père a enfouis quand il a changé de région, après la seconde guerre mondiale et les exactions commises au nom de « l’épuration sauvage ». Ce père va passer de la position de notable à celle de proscrit … et s’il était innocent ? Comment François va-t-il pouvoir passer du doute au mensonge pour préserver le peu d’honneur qu’il reste à sa famille ? Ce sont bien ces questions que se pose le lecteur au cours de cette double enquête. On sent très bien la patte de l’historien quand François est obligé de rouvrir les vieux dossiers. Des chapitres courts et rythmés, trois narrateurs, contribuent à impliquer le lecteur dans la quête de la vérité avec un suspense final bien mené. C’est le quatrième roman de Christian Carayon … auteur à suivre notamment pour l’ambiance campagnarde qui n’est pas sans rappeler celle de Franck Bouysse, attirante et étouffante à la fois où le silence est une valeur partagée, complice de la religion du secret.