Les deux traités traduits et commentés ici témoignent des évolutions du grand Réformateur en même temps que des principaux enjeux de sa controverse avec l'Eglise traditionnelle. Au printemps 1521, la réfutation latine dirigée contre Jacques Latomus, théologien de Louvain, se concentre sur l'explication de la thèse selon laquelle, même justifié, l'homme reste pécheur et qu'il est donc incapable d'accomplir des oeuvres vraiment bonnes ; c'est pour Luther l'occasion de développements importants sur la relation en rhétorique classique et exégèse biblique. En 1541, l'écrit allemand contre Jean le Pitre, contemporain des derniers dialogues politico-religieux avant le Concile de Trente, scelle l'opposition entre deux Eglises, telles que les dépeint le Réformateur : la fausse Eglise, prostituée du Diable et infidèle à l'Eglise ancienne, dont elle a perverti les enseignements et dénaturé les sacrements ; l'Eglise véritable, héritière des préceptes du Christ et des apôtres, fidèle à l'Eglise ancienne même si sa vie reste loin d'être exemplaire.