Éparse, la critique mallarméenne ne découle pas d’une esthétique préétablie. Elle concourt toutefois à en jeter les fondements en ouvrant des perspectives qui semblent étrangères les unes aux autres : l’objet décoratif, la mode, le livre, la peinture, la musique et la danse ont, au même titre, sollicité la réflexion du poète. Celle-ci s’est nouée à l’écart des cénacles artistiques de son temps. Mallarmé a tissé des liens d’amitié partagée avec des peintres (Manet, Whistler, Berthe Morisot...) ; dans sa revue, La Dernière Mode, entièrement conçue et rédigée par lui, il a élaboré peu à peu une esthétique du quotidien, sur laquelle il réglera sa conception de l’image. De la mode à l’impressionnisme, une même logique se déploie, qui gouverne également l’œuvre poétique : «Évoquer, dans une ombre exprès, l’objet tu, par des mots allusifs, jamais directs, se réduisant à du silence égal, comporte tentative proche de créer.»