Devenir instituteur, c'était le rêve de nombreux enfants dans la France de l'immédiat après-guerre. Ornella, par exemple, a bataillé dur pour entrer à l'École Normale, mais le succès était au bout de la route et l'a conduite vers son premier poste de maîtresse d'école à Ségalières, un village perdu des hauts-plateaux du Lot, en octobre 1954. Là, elle se heurte à l'hostilité du maire, du curé et des habitants, qui ont besoin de leurs enfants dans les fermes. Un nouveau poste l'attend à Peyrignac, sur le causse, où elle va partager la classe avec Pierre, fils d'un châtelain de Cahors. Entre ces deux enseignants issus de milieux différents mais qui ne vivent que pour leur métier, c'est le coup de foudre que seule assombrira la guerre d'Algérie. Au fil des ans, au gré des réformes scolaires, ils poursuivront leur carrière avec la même passion jusqu'à ce qu'une décision ministérielle les transforme en « professeurs des écoles » en 1989.L'école d'antan, son odeur de craie et d'encre violette, ses instituteurs héritiers des hussards de la Troisième République, respectés de tous, exemplaires et dévoués, c'est ce que Christian Signol évoque avec beaucoup d'émotion et de vérité dans ce beau roman qui relate également un demi-siècle de l'histoire d'une société française, dont l'école symbolisait la réussite et l'espoir en l'avenir.