En cause, l’idéal de la méritocratie qui, généralement associé au fonctionnement régulier des institutions démocratiques, à l’autonomie et à la liberté des citoyens, et à une certaine forme de justice sociale, apparaît fondamentalement vicié et in fine inégalitaire, conduisant les sociétés occidentales à une véritable « tyrannie du mérite ». La conséquence est un mélange de colère et de frustration qui a alimenté les protestations populistes et la polarisation extrême – le Brexit au Royaume-Uni, comme l’élection de Donald Trump aux États-Unis, était un verdict sans appel, qui traduit les inquiétudes, les frustrations et l’exaspération suscitées par des décennies d’inégalité croissante, et une mondialisation qui ne profite qu’aux élites tout en donnant aux citoyens ordinaires le sentiment d’être démunis.
Face aux écueils d’une méritocratie qui engendre excès d’orgueil et humiliation, Michael J. Sandel rappelle qu’il est plus que jamais nécessaire de revoir notre position vis-à-vis du succès et de l’échec, en prenant davantage en compte la part de chance qui intervient dans toutes les affaires humaines et en prônant une éthique de l’humilité plus favorable au bien commun.
Après l’immense succès de Justice, Michael J. Sandel, professeur renommé de philosophie politique à l’Université de Harvard, examine avec force les maux et les nouveaux défis auxquels se trouvent confrontées nos sociétés actuelles.
Michael J. Sandel est professeur de philosophie politique à l’Université de Harvard et anime sur la BBC une série de débats très suivis, « The Global Philosopher », qui abordent, avec des participants issus de plus de quarante pays différents, des questions éthiques soulevées par l’actualité. Membre de la prestigieuse American Academy of Arts and Sciences, il compte parmi les personnalités américaines les plus influentes et les plus populaires.
Professeure de théorie politique à Science-Po Paris, Astrid von Busekist est rédactrice en chef de la revue Raisons Politiques; elle a notamment publié, chez Albin Michel, Portes et murs. Des frontières en démocratie (2016).