Les "Printemps arabes" ont pris l'Occident par surprise. Pourtant, face aux États autoritaires nés après les indépendances, des hommes et de femmes se sont toujours levés. Ce sont à proprement parler des dissidents politiques, comme en connut l’Europe de l’Est à l’époque soviétique. Mais, à la différence des régimes autoritaires du passé, l’autoritarisme contemporain ne peut pas s’abstraire de son siècle : tous les habitants et tous les dirigeants savent qu’il existe un monde libre, quelque part, et que dans de nombreux Etats, y compris souvent les plus proches culturellement et géographiquement, les libertés politiques, publiques et privées sont en vigueur. Au Maghreb, cette conviction est d’autant plus forte qu’il existe un espace de circulation à la fois physique (15 millions de Maghrébins avec leurs descendants vivent en Europe au début du XXIe siècle), linguistique et culturel avec l’Europe, et en particulier avec la France. Deux grands spécialistes du Maghreb, l'historien Pierre Vermeren et la politiste Khadija Finan, écrivent une histoire méconnue du Maghreb. Des militants ont combattu au sein d’organisations nationales de droits de l’Homme (contre les brutalités policières et judiciaires), en faveur de revendications culturelles (droit à la langue berbère), de la liberté d’expression (droit à une presse et à des syndicats libres), de genre (droit à l’égalité des femmes) ou de respect des droits des travailleurs. L’aventure politique des Printemps arabes a tourné à la tragédie en Syrie et seule la Tunisie est parvenue à établir un compromis mais il demeure un point clef : un autre Maghreb est possible.